On a beaucoup glosé sur la validité de l'opération « Wacht am Rhein » et sur son opportunité, en jugeant a posteriori la défaite des Allemands. D'un point de vue purement stratégique, il s'agit pourtant d'une décision parfaitement intelligente. Au mois de décembre 1944,1a pression alliée sur tous les fronts laisse peu d'espoir à Hitler, et à Guderian revenu en grâce. La guerre d'usure ne pourra durer plus longtemps avant un effondrement complet, si la Wehrmacht laisse l'initiative à ses ennemis. Le redressement de la situation aux frontières du Reich, après la débâcle de Normandie, a été en grande partie possible grâce aux difficultés de ravitaillement des Alliés. Or, la réouverture du port d'Anvers et Je renouvellement des stocks de carburant laissent présager une reprise accélérée des opérations anglo-américaines. L'offensive allemande du 16 décembre 1944 est donc lancée au moment le plus propice : les Alliés ne s'y attendent absolument pas et la Wehrmacht dispose sur le front d'attaque d'une bonne supériorité numérique. Ses effectifs en chars ont été reconstitués assez partiellement, mais suffisamment pour porter un coup sévère aux Alliés. Le principe tactique est en gros une reprise du plan de mai 1940, le but étant d'encercler en Belgique une trentaine de divisions, essentiellement britanniques. Ce choix est lui aussi très bon, les Allemands savent que la Grande-Bretagne souffre d'une très grave crise d'effectifs. La mise hors de combat d'une partie de son armée aurait des conséquences incalculables et forcerait les Alliés occidentaux à marquer une longue pause avant d'envisager la reprise des combats. Cette pause serait mise à profit pour se retourner contre les Russes et les sonner suffisamment pour les contraindre eux aussi à la défensive pour plusieurs mois. Et ensuite?
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